B-Corp : simple certification ou vrai outil de pilotage ?

En 2014, Kirsten, fondatrice et CEO de Raven + Lily, s’apprête à lever des fonds auprès d’investisseurs pour accélérer la croissance de son entreprise, et cherche un moyen d’en protéger la raison d’être sociale. Comment faire pour que la recherche de rentabilité ne prenne pas le pas sur les missions sociales de l’entreprise en intégrant de nouveaux investisseurs ?

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Raven + Lily : être une B-Corp pour protéger sa raison d'être

INFORMATION
r+l logo

Austin, TX, USA
Fashion design
17 collaborateurs
ravenandlily.com

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• About Work vous en raconte davantage dans l'article de leur blog
• Kirsten s'est également confiée à About Work dans cette vidéo

La raison d’être de Raven + Lily est d’aider à l’emploi de femmes marginalisées (par exemple à cause de leur situation sociale ou de santé) en leur offrant un environnement de travail sûr pour leur assurer des revenus justes et durables, un accès à des services santé et à l’éducation, et donc une chance réelle de rompre le cercle de pauvreté, pour elle et leurs familles.

La certification Fair Trade de Raven + Lily assure le respect de certaines pratiques au niveau de leurs échanges commerciaux, mais n’a aucune incidence sur la gouvernance de l’entreprise : elle n’assure pas sa transparence ni sa responsabilité sociale d’un point de vue légal. Or, il est essentiel pour Kirsten de rendre ses futurs investisseurs responsables du respect et de la poursuite de cette raison d’être, ainsi que ses employés. Il lui faut également trouver un moyen d’en prouver la responsabilité auprès de ses clients et partenaires…

 

Le but n’est pas seulement d’être rentable, c’est d’avoir du profit avec un impact positif

Kirsten Dickerson, fondatrice de Raven + Lily

 

Après de longues recherches, elle découvre la certification B-Corporation (avec un B pour Benefit). Dispensée par l’organisation à but non lucratif B Lab, c’est une certification internationale qui évalue l’impact social, environnemental, la transparence et la responsabilité légale des entreprises certifiées. Mieux encore, le statut de Benefit Corporation est reconnu légalement dans certains États des États-Unis, dont le Delaware depuis 2013. Cela permet d’inscrire la raison d’être de l’entreprise dans ses statuts légaux, et de tenir tous les investisseurs pour responsables et garants de son respect. C’est exactement ce qu’elle cherche.

Par contre, cette certification en trois étapes est très difficile à obtenir. Il faut commencer par répondre à un questionnaire (appelé B Impact Assessment) très exhaustif et fournir moult documentation et preuves annexes. La candidature est ensuite évaluée par l’organisation B Lab, qui n’hésite pas à contacter les candidats pour éclaircir l’ensemble de ses pratiques. Pour être certifié, il faut obtenir un score supérieur à 80/200 points pour l’ensemble des catégories de l’évaluation (ce qui n’est pas si facile). Et ça recommence tous les deux ans… et oui, être une entreprise bonne pour le monde n’est pas de tout repos.

Les exigences liées à chaque catégorie augmentent avec la taille de l’entreprise, suivant des paliers. C’est d’ailleurs ce qui a donné du fil à retordre à R+L, car la première fois qu’ils ont obtenu la certification ils étaient 8 et leurs scores étaient excellents. Mais deux ans plus tard, ils sont 12, et migrent donc vers le palier supérieur sans pour autant avoir fondamentalement changé leur fonctionnement, ni leur offre salarié (comme par exemple l’offre d’un plan de retraite ou d’assurance maladie plus poussé, très important aux Etats-Unis). R+L obtient donc un score bien inférieur lors de sa 2ème certification. On a beau dire, ça fait mauvais genre. Heureusement, ça ne les a pas découragés, au contraire : cela les pousse à être plus exigeants avec eux-mêmes, et à chercher des solutions pour obtenir un meilleur score lors de leur prochaine évaluation.

Aujourd’hui, leur raison d’être n’est donc pas seulement une belle phrase affichée sur leur site web pour faire joli : elle est intégrée à part entière dans les objectifs de toutes les parties prenantes de l’entreprise (contrats de travail, contrats partenaires et contrats d’investissements). Concrètement, aucun employé ou investisseur ne pourrait prendre une décision allant à l’encontre de la raison d’être de Raven + Lily (au nom du profit ou d’un autre objectif) sans en subir les conséquences légales.

En plus d’une reconnaissance de sa politique de RSE, la certification B-Corporation permet à l’entreprise de placer un cadre avec des attentes claires pour chaque aspect de sa mission. Elle encadre ainsi le comportement des employés et les décisions qu’ils prennent tous les jours, que ce soit pour les matériaux utilisés dans leur design, les partenaires qu’ils choisissent pour les produire, ou encore leurs partenaires de distribution et les commandes qu’ils acceptent.

Les employés de Raven + Lily disent être très fiers de cette certification. C’est pour eux une forme de reconnaissance de leurs efforts quotidiens pour être une entreprise bonne pour le monde.

Heureusement, ils ne sont pas seuls : la communauté des entreprises certifiées B Corp, qui n’en ont d’ailleurs pas toutes le statut légal, est là pour leur permettre d’échanger sur leurs pratiques et de trouver des solutions ensembles.

 

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Faites voyager cette histoire !

Key takeaways

• Intégrer la raison d’être de l’entreprise dans ses statuts légaux permet d’en assurer la protection

• La certification B Corporation donne un cadre et des objectifs qualitatifs et quantitatifs à la RSE de l’entreprise

• Il est nécessaire de bien étudier le fonctionnement et les critères d’une certification afin d’évoluer en fonction de ses exigences

Contributors

Adèle Boinnot est co-fondatrice d'About Work. Elle a traversé les USA en 2017 avec Sarah à la rencontre d'entreprises sortant des sentiers battus. Elle travaille aujourd'hui chez ANEO et fait partie de l'équipe Humanage. Parlez-lui d'innovation managériale et de cactus (cacti ?) : aboinnot@aneo.fr

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