Sociocratie : Voir les collaborateurs FDJ gagner en autonomie

Écrit par Luc Bretones, le 31 janvier 2022

En 2018, la Direction des relations humaines est rebaptisée Direction de l’expérience collaborateur et de la transformation (DECT). Au sein de cette direction, Virginie Guibout-Pironneau a pris les rênes de l’équipe Transformation, en tant que Responsable de la Transformation, avec l’objectif de placer le collaborateur au centre du processus décisionnel.

Virginie Guibout-Pironneau souhaite démontrer que l’autonomie des collaborateurs peut être un vecteur de performance et ainsi stimuler les autres directions de l’entreprise.

Séduite par les promesses de la sociocratie, un mode de gouvernance partagée, l’équipe Transformation et sa vingtaine de collaborateurs ont décidé de franchir le pas.

Véritable révolution initiée il y a deux ans, son déploiement, qui a été progressif, a bien pris.

Élection sans candidat, facilitateurs qui tournent à chaque réunion, des groupes de collaborateurs qui se montent selon les besoins : la sociocratie représente un mode de gouvernance organique, évolutif, particulièrement souple et participatif, avec pour objectif de responsabiliser et d’autonomiser.

En entreprise la mise en place d’un tel mode de gouvernance où le pouvoir décisionnel et les responsabilités ne dépendent pas d’un statut hiérarchique peut relever de la gageure.

La souplesse dans la mise en place du principe de sociocratie reste de mise. Une souplesse d’esprit qui invite par ailleurs Virginie Guibout-Pironneau à prendre en compte que, pour certains, autonomie peut rimer avec insécurité.

Ce nouveau mode de fonctionnement a permis, par consensus, une prise de décision rapide sur le choix par exemple d’un prestataire pour fournir l'Intranet de l'entreprise.

« En une heure, nous étions alignés » se félicite Virginie Guibout-Pironneau. La sociocratie accélère la prise de décision tout en tendant à faire disparaître les « tensions ».

Les collaborateurs se sentent davantage responsabilisés et plus solidaires entre eux ; ils affirment « mieux travailler ensemble ».

Le rôle de Virginie Guibout-Pironneau est de donner les moyens nécessaires à chacun pour bien faire son travail, en misant sur la confiance, mais aussi en rassurant et en prêtant une attention particulière à la qualité de vie au travail.

Pour qu’une telle méthode puisse être déployée avec succès, d’abord dans une direction puis faire école, plusieurs leviers s’avèrent essentiels.

Avant toute chose, le manager doit mettre son égo de côté. Virginie Guibout-Pironneau reconnaît que ce travail sur soi n’est pas des plus simples à réaliser. « J’ai dû apprendre à mettre ma langue dans la poche » sourit-elle.

A titre d’exemple, puisque le recrutement se fait désormais de manière collaborative, elle n’a pas – à elle seule - la main sur le choix des candidats. « Je ne vois personne seule, assure-t-elle, et ma voix ne compte pas plus que celle d'un autre. Lorsqu’il s’est agi de recruter notre alternante, j'ai transmis à mon équipe un CV que l’on m’avait envoyé en interne. L’équipe était intéressée : j’ai alors demandé qui souhaitait m’accompagner pour mener l’entretien. L’équipe a décidé qui interviewerait la candidate et a défini, à l’aune de ses besoins, la période d’alternance voulue ».

Recueillir la confiance du top management est, par ailleurs, tout à fait essentiel avant d’amorcer une telle transformation. La renouveler l’est tout autant, pour maintenir l’existence de cette goutte d’eau sociocratique dans un océan pyramidal et pour espérer in fine faire boule de neige. Ce soutien de la Direction générale est en effet fondamental et il est nécessaire d’apporter régulièrement les preuves que cette initiative accroît durablement la performance, l’atteinte des objectifs individuels et collectifs ou l’engagement des collaborateurs de l’équipe transformation.

Il est, enfin, primordial d’être accompagné par des coachs ou des experts en la matière. Virginie Guibout-Pironneau conseille de débuter par un accompagnement léger. « Nos premières séances de coaching nous ont mis collectivement en mouvement et se sont révélées particulièrement indispensables », juge-t-elle. Et ce, avant de mettre en place un accompagnement plus structuré qui s’inscrira sur un temps long.

Virginie Guibout-Pironneau espère aujourd’hui essaimer au sein de FDJ, en intégrant des collaborateurs intéressés pour en faire des ambassadeurs dans leur direction d’origine.